QUE
D'ENNUIS !!
En décembre 1995,
nous avons échangé une caisse de Dauphine et son lot de pièces contre
cette fourgonnette Juvaquatre type AHG 2 mise en circulation le 4 août
1953, Il s'agit donc de l'une des dernières Juva à moteur latéral, avant
le passage au moteur 4CV, ce qui ne sera pas sans conséquences lors
de la restauration...
Lors de l'achat, la voiture était incomplète mais paraissait saine (photos
2 et 3): il manquait en effet les jantes d'origine, la pompe à essence
des poignées etc ...
Cela ne nous a pas effrayés puisque nous avions déjà restauré
une Juva berline de 1948, pour laquelle nous nous étions constitué un
stock de pièces détachées .
Ainsi, la "Juvatite aiguë" nous était définitivement inoculée.
La restauration a effectivement débuté à l'été 1996 , par un sablage
qui a révélé l'ampleur des dégâts. Les planchers avaient été choucroutes
à même la rouille (photo 7), tout comme les bas de caisse qui avaient
été remplis de papier journal avant d'être mastiqués et choucroutés!
Il a donc été nécessaire de les remplacer par des éléments plus sains
prélevés sur une épave. La jupe arrière était irrécupérable comme sur
presque toutes les Juva et bien sur choucroutée dans les règles de l'art
!
Elle a du être entièrement reformée à partir de tôle neuve (photo 5),sans
parler des passages de roues (photo 6), comme sur notre berline.
Ces travaux réalisés durant l'hiver 96-97 ont été facilités, si l'on
peut dire, par l'épaisseur de la tôle employée à l'époque. Les planchers,
ainsi que les pièces mécaniques proviennent d'une épave que nous nous
sommes partagée avec un ami. Nous avons ensuite revendu quelques pièces
détachées et cette épave ne nous a finalement rien coûté.
Sur une voiture populaire, il est primordial d'utiliser un maximum de
pièces de récupération et de faire fonctionner son carnet d'adresses
afin de ne pas faire enfler la facture démesurément.
Renault ne proposait que deux teintes de gris qui rendaient ses véhicules
utilitaires bien tristes, d'autant plus qu'aucun chrome ne venait embellir
la carrosserie (mais dans un sens, cela nous facilite aujourd'hui la
tâche) Nous avons donc eu l'idée de faire une peinture publicitaire
tout en respectant la couleur d'origine. Très intéressé par le projet,
le concessionnaire Renault de Sedan a accepté de nous fournir la peinture
pour réaliser une publicité célébrant le centenaire de la marque en
1998 (photos 8, 9 et 10).
La combinaison du gris d'origine à un blanc proposé sur la Frégate donne
un réel cachet à la petite fourgonnette. La peinture a été réalisée
en Septembre 1997. Du coté de la mécanique, les ennuis n'ont pas manqué
non plus. Le moteur a du être ouvert pour dégripper une soupape et son
poussoir. Cet incident réparé, le moteur a été mis en place (photo 10),
mis après quelques kilomètres, il s'est mis à perdre beaucoup d'huile.
Le carter était en fait rongé par la rouille et il a fallu le démonter
pour le braser, ce qui a entraîné une nouvelle dépose du
moteur (photo 11)! Les freins ont pu être remis en état a moindre frais,
en récupérant les cylindres d'origine en très bon état et ceux de l'épave.
Une pochette de coupelles offerte par notre garagiste nous a permis
de retrouver des modèles compatibles. En revanche, le maître-cylindre
n'a pu être réutilisé. Nous l'avons laissé chez un grossiste et celui-ci
s'est aperçu qu'un modèle identique équipait les Peugeot J7 ou J9. Il
nous en a vendu un neuf au prix imbattable de 300F ! Autre avantage
d'un véhicule utilitaire, la simplicité des habillages intérieurs fait
qu'un non spécialiste peut parvenir seul à un beau résultat. Les contreportes
sont en effet constituées d'une pièce de skai collée sur une feuille
de carton. Le ciel de toit, toujours difficile à restaurer, brille par
son absence! Le plancher de chargement est un véritable... plancher,
refabriqué avec des lattes de pin des Landes. Le circuit électrique,
provenant de l'épave, ne nécessitait pas de réfection vu son
très bon état. Il a été remonté tel quel avec toutefois un test préalable,
on n'est jamais trop prudents...Cependant, quelques faux-contacts ne
semblent pas vouloir cesser leurs agissements. Entre le printemps 1998
et la fin 1999, deux déménagements interrompent la restauration. Nous
profitons de notre temps libre pour entretenir la berline et la R8.
En effet, plusieurs anciennes, c'est bien, mais cela demande beaucoup
de petites attentions, surtout quand elles sortent régulièrement comme
nous aimons le faire.
Avant d'emmener la voiture au contrôle technique, (photo 12 et 13) qui
nous semblait être le bout du tunnel, nous changeons les bougies et
là, nouvelle catastrophe...Le pas de vis du 4ème cylindre cède! La restauration
a encore pris deux mois supplémentaires. Pour éviter un déculassage
qui aurait nécessité un remplacement du joint de culasse
ainsi que de nombreuses heures de travail, nous avons fait poser un
filet rapporté. Ainsi, début avril 2000, la voiture a enfin pu faire
un trajet de 30 km, malgré quelques problèmes électriques et un ralenti
capricieux. Cela semblait s'arranger et patatras, rupture du pignon
de céloron, erreur de jeunesse il faut systématiquement le changer!
La voilà encore immobilisée pour un bout de temps, jusqu'à ce
que la colère passe! Dégoûtés, nous la revendons,
sûrement sous le coup de la colère, ce que nous regrettons aujourd'hui.
Conduite :
comparativement
à la berline, un fourgon tolé necessite des boules quiès et peut être
de ne rouler qu'en charge sinon bonjour la sauterelle, et qu'il faut
en vouloir pour se taper des bornes comme ça, et enfin, celle là au
moins toujours en comparant par rapport à la berline, les gens l'identifie
bien comme une Juva.
Nicolas O'Doard
07/2003
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